La qualité des rivières bretonnes stagne toujours
Le 18 décembre 2019, le comité de bassin Loire-Bretagne a actualisé son état des lieux avant de se lancer dans la rédaction du prochain Sdage.
État des lieux ? SDAGE ? Késako ?
En signant la Directive cadre sur l'eau (DCE), les membres de l'Union européenne se sont engagés à ce que 100 % de leurs masses d’eaux atteignent le bon état d’ici 2027 (dernier délai) et c’est le Schéma d'aménagement et de gestion des eaux qui est chargé de la mise en œuvre de cet objectif de bon état.
Le Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE) est l’outil de planification qui fixe pour six ans des orientations de reconquête de la qualité de nos cours d’eau. Pour répondre à ces objectifs de bon état, le Sdage s’accompagne d’un programme de mesures et d’actions financés par les agences de l’eau comme la rénovation des stations d’eau potable, l’entretien des cours d’eau, les alternatives à l’utilisation de pesticides…
Des résultats très mitigés
L’échéance de 2027 approche, et après plus de 10 ans de mise en œuvre des différents SDAGE français, et malgré les dizaines de milliards d’euros investis par les agences de l’eau, le résultat reste très mitigé. En 2019, seulement 45 % des cours d’eau français sont en bon état ; ce chiffre est de 33 % pour la Bretagne et tombe à 3 % en Ille-et-Vilaine !
A la lecture de l’état des lieux du Sdage Loire-Bretagne, un premier résultat est déjà très inquiétant : en 2019, à l’échelle du bassin versant Loire-Bretagne, 79 % des masses d’eau sont en risque de non atteinte des objectifs de bon état du Sdage à l’horizon 2027.
Sur l’ensemble du bassin, plusieurs autres chiffres sont inquiétants et très loin des objectifs de la DCE, dont notamment les plans d’eau (seuls 19 % d’entre eux sont en bon état) et les cours d’eau (seulement 24 %, voir carte ci-dessous).
Mais des différences existent entre les chiffres à l’échelle du bassin et ceux de la Bretagne (Vilaine et Côtiers bretons) qui nécessitent une analyse plus fine. En effet si 63 % des eaux souterraines et 73 % des eaux côtières bretonnes sont en bon état ; seuls 38 % des eaux de transitions, 33 % des cours d’eau et surtout 6 % des plans d’eau bretons atteignent cet objectif !
Les origines de ces dégradations sont nombreuses et diverses. En Bretagne, celles qui sont le plus significatives (en % de masses d’eau concernées) sont les pesticides (57 %), la morphologie (53 %), l’hydrologie (42 %) et les obstacles à la continuité écologique (41 %).
Le résultat de l’incohérence de nos politiques publiques
Cette stagnation – voir le recul pour certains de ces résultats – s’explique pour partie par l’ajout de nouveaux critères plus fiables et à une meilleure connaissance du territoire (voir graphique ci-dessous).
Néanmoins, cela reflète surtout l’échec et l'incohérence des politiques publiques, l’inapplication du principe pollueur-payeur et le grand bond en arrière de la réglementation environnementale !
Les effets du dérèglement climatique se font sentir chaque jour un peu plus et devraient au contraire nous inciter à mettre en œuvre des politiques environnementales de plus en plus ambitieuses. C’est uniquement à ces conditions que l’on peut espérer l’indispensable adaptation au changement climatique !