Nitrate et santé, le principe de précaution

12 juillet 2022
Nitrate et santé, le principe de précaution

 

Afin de préserver la santé humaine des dangers des nitrates les autorités sanitaires ont fixé des normes de qualité à respecter pour l'eau alimentaire. Mais des lobbys puissants tentent constamment de les remettre en cause.


 

Nitrates et santé : le principe de précaution

On trouve nitrates (NO3) et nitrites (NO2) dans trois catégories d'aliments : les légumes (salade, radis, céleri, betteraves...), la charcuterie et l'eau. La dose journalière admissible (DJA) confirmé par l'EFSA dans une expertise scientifique rendu par l'ANSES en 2019 sur saisine d'Eau et rivières datée de 2015 est de 3.7 mg/kg de poids corporel/jour établie en 1987 par le SCF et reprise par le JECFA en 2002, soit 37 mg pour un enfant de 10 kg !

 

robinet, eau qui coule, main


 
Protégez les bébés !

Si un bébé ingère trop de nitrates (par l'eau, par les légumes), il risque la maladie bleue, la méthémoglobinémie. Les nitrates se transforment en nitrites dans son corps, passent de l'intestin au sang, et empêchent les globules rouges de transporter correctement l'oxygène vers les cellules. C'est l'asphyxie et, au pire, la mort. Au cours des 40 dernières années, quelques cas de décès par méthémoglobinémie ont été signalés, dus à l'eau ou à des légumes trop chargés en nitrates et mal conservés. Grâce à la norme limitant la teneur en nitrates de l'eau à 50 mg/l, les bébés sont a priori protégés contre ce risque, à condition de leur choisir un régime alimentaire équilibré.

 

Principe de précaution

Des chercheurs de différents pays estiment qu'il existe un lien entre les nitrates et certains cancers (estomac, oesophage, appareil urinaire). Pour la santé de tous, les scientifiques veulent maintenir la norme de potabilité de 50 mg/l. En application du principe de précaution trop souvent négligé ces dernières années.  

 

 

Tentative d'intoxication
Des industriels créent un lobby pro-nitrates  :

Si l'on en croit le livre d'un médecin normand publié en 1996 par un curieux "Institut de l'environnement", les nitrates seraient "vraisemblablement bénéfiques pour la santé".
Renseignements pris, l'institut de l'environnement n'a rien d'officiel. C'est une simple association privée. Sous cette appellation trompeuse se cachent de puissants industriels bretons de l'agro-alimentaire et de l'élevage porcin.
Heureusement pour les consommateurs, cette tentative d'intox a échoué. Les experts ont dénoncé les "raisonnements abusifs", les "interprétations erronées, les affirmations gratuites, la présentation tronquée des faits" et "une démarche apparentée au révisionnisme".

Mais l'affaire ne s'arrête pas là pour autant puisque les mêmes négativistes s'activent encore et déploient un peu partout dans les campagnes des discours mettant en cause les travaux des scientifiques sur la responsabilité des nitrates dans le phénomène marées vertes... lire sur le sujet l'Actu publié par notre association en mars 2011

 

 

 

Retour sur l'Actu d'août 2008

Nitrates dans l'eau potable
L'AFSSA opposée à une révision de la norme

En mars 2001, Eau & Rivières de Bretagne avait saisi l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments d’une demande d’avis au sujet des risques sanitaires liés à une alimentation (eau + aliments) trop chargée en nitrates. L’association avait également demandé à l’AFSSA de se prononcer sur la validité du plafond de 50 mg de nitrates par litre, fixé au niveau européen et national dans la réglementation sur la qualité des eaux destinées à la consommation humaine. Cet avis avait été sollicité parce que, de façon récurrente, des organisations liées à l’élevage industriel et à l’agro-alimentaire contestaient les bases scientifiques et le bien fondé de cette réglementation.

La directrice de l’AFSSA Pascale BRIAND a transmis à Eau & Rivières l’avis adopté le 11 juillet 2008 par l’agence.
Dans cet avis rendu après consultation des deux collèges d’experts « eau » et « résidus et contaminants chimiques et physiques », l’AFSSA :

  • rappelle qu’il convient « d’assurer au maximum la préservation de la qualité des ressources en eau brutes utilisées pour la production d’eau destinée à la consommation humaine » et qu'il faut mettre en oeuvre les moyens permettant de ramener la concentration en nitrates et nitrites dans les eaux potables "au moins au niveau de la limite de qualité dans les meilleurs délais possibles";
  • estime qu’il ne peut être « proposé une valeur de dérogation en cas de dépassement de la limite de qualité des nitrates ».

Eau & Rivières de Bretagne se félicite de cette clarification apportée par l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments, qui met fin à la tentative absurde de remise en cause de la norme maximale en nitrates fixée depuis 1975 pour l’eau potable (la valeur guide demeurant 25 mg/l).

L’association souhaite que la restauration de la qualité des eaux brutes soit poursuivie et amplifiée pour permettre à la Bretagne de satisfaire les usages de l’eau, qu’ils soient sanitaires et économiques, mais également pour retrouver un bon état écologique, conformément aux directives européennes.

Télécharger l'avis de l'AFSSA de 2008

 

 

Les normes nous protègent, protégeons-les !