Pour une eau potable sans pesticides !

09 mai 2022
Pour une eau potable sans pesticides !

Pour Eau et Rivières de Bretagne, il est urgent d'intervenir pour restaurer la qualité de l'eau, délivrer une eau conforme au robinet des bretons et rétablir la confiance dans l'eau potable.

Nous voulons une eau et des milieux aquatiques de qualité. Nous voulons boire de l'eau du robinet sans inquiétudes. Nous exigeons des pouvoirs publics une réelle prise de conscience face à la contamination généralisée de l'eau par les pesticides et qu'enfin des mesures ambitieuses soient prises pour en finir avec l'usage de ces toxiques à grande échelle.

Comment ?

 

 

 

Elargir la protection des eaux superficielles destinées à la production d'eau potable

La loi impose que les captages d’eau destinés à la production d’eau potable disposent obligatoirement de périmètres de protection de captage (PPC) pour assurer leur protection vis-à-vis des pollutions ponctuelles et accidentelles.


Ces mesures de protection sont bien insuffisantes et n’ont pas vocation à les protéger contre les pollutions diffuses. Ces dernières sont causées par la présence de polluant(s) issu(s) de sources multiples, difficilement identifiables dans l’espace et dans le temps. Néanmoins, dans le cas des pesticides et compte-tenu des molécules retrouvées, la responsabilité de l’activité agricole est indiscutable (cf. résultats de l’expertise collective scientifique INRA-Ifremer).


Sur les prises d'eau superficielle, la notion de protection doit faire systématiquement l'objet d'une bascule de PPC à aire d’alimentation de captage (AAC) à même d’assurer une protection contre les pollutions diffuses. De plus, sur ces délimitations hydrographiques doivent être interdits immédiatement les pesticides dont les métabolites posent problème.


La délimitation des AAC ne doit plus être réalisée par les hydrogéologues seuls. En effet, le sol est une interface primordiale et les circuits de l’eau, notamment en surface, y jouent un rôle central. C’est particulièrement le cas dans notre région où les captages ont une alimentation mixte (eau superficielle connectées aux eaux souterraines ou inversement). Les équipes eaux de surface de l’INRAE doivent pouvoir être mobilisées aux côtés du BRGM pour concourir à la définition des AAC.
La capacité de résilience des territoires doit augmenter via le renforcement des infrastructures agro- écologiques. Cela nécessite de s’appuyer sur des Diagnostics Territoriaux de Résilience multicritères (DTRm).

Ces diagnostics, réalisés par deux structures à compétences complémentaires (agriculture et environnement), devront investiguer la biodiversité, les chemins de l’eau et les risques polluants, les capacités d’infiltration en tête de bassin-versant, les capacités d’atténuation de l’érosion et bien sûr l’adaptation au changement climatique.

 

Nous demandons que pour tous les captages en eau superficielle destinés à la production d’eau potable, une aire d’alimentation de captage (AAC) soit définie, que des mesures d’interdiction immédiate d’usage des pesticides* soient prises sur cette AAC, tout en évitant le recours à la simple substitution, et que les infrastructures agro-écologiques soient renforcées.

 

Renforcer la protection des eaux souterraines destinées à la production d'eau potable

Compte-tenu du temps de latence/réaction des milieux, plus nous agirons rapidement pour réduire l’exposition des territoires aux pesticides, plus tôt l’amélioration de la qualité de l’eau sera visible. Les captages en eau souterraine sont les plus vulnérables au risque de fermeture. Ils disposent en effet plus rarement que les captages en eau superficielle de moyens de traitement pour éliminer la pollution de l’eau par les pesticides. Ils disposent néanmoins d’un avantage : leur périmètre de protection correspond peu ou prou à leur aire d’alimentation de captage.

 

Nous demandons que la totalité de la surface agricole utile des périmètres de protection de captage (PPC) soit cultivée en respectant le cahier des charges de l'agriculture biologique ; à défaut, que seuls les produits utilisables en agriculture biologique soient autorisés d’usage sur la totalité des PPC et ce, dès aujourd’hui.

 

Revoir et élargir la notion de captage prioritaire

La vision de captage prioritaire ou non n’est pas en adéquation avec la situation et les enjeux actuels au regard de la contamination quasi-généralisée par les métabolites. Ce ne sont pas seulement 56 captages prioritaires qui devraient être concernés mais bien la totalité des 109 prises d’eau superficielle et des 578 captages d’eau souterraine destinés à l’alimentation en eau potable en Bretagne.

 

Nous demandons que soit revue et élargie la notion de captages prioritaire au regard de la contamination quasi-généralisée de l'ensemble des captages par les pesticides et leurs métabolites.

 

Investir l'équivalent des coûts des mesures curatives dans les mesures préventives

Ne nous voilons pas la face, des mesures curatives passant notamment par le renforcement des filières de traitement vont être mises en œuvre. En plus d’être coûteuses, ces mesures n’auront qu’un effet temporaire sur la qualité de l’eau distribuée si la qualité de l’eau brute ne s’améliore pas. Elles risquent également d’être insuffisantes à traiter certains polluants.
À noter que selon un rapport de la Cour des comptes traiter une eau polluée par les pesticides revient à 2,5 fois plus cher que de mettre en place des mesures de prévention des pollutions auprès des agriculteurs.

Sortir de la logique où seuls les captages prioritaires peuvent accéder à des aides financières et élargir ce soutien à tous les territoires eau potable permettra d’améliorer l’évolution des pratiques agricoles sur les territoires. En profiter pour renforcer le volet foncier de la protection des captages, notamment par l’installation d’agriculteurs biologistes permettra d’aller vers une évolution pérenne des systèmes.
D’autres mesures sont à privilégier : réduction de la taille des parcelles, la renaturation des bords de parcelles, reconceptions et changements de systèmes agricoles.

 

Nous demandons que pour chaque euro investi dans les mesures curatives urgentes, un montant équivalent, à minima, soit investi dans les mesures préventives visant à la restauration de la qualité de l’eau brute.

 

Respecter enfin les objectifs du plan écophyto

Les objectifs de réduction de 50 % de l’usage des pesticides du plan Écophyto n’ont jamais été atteints. Pire, ils ont sans cesse été repoussés. Le rapport « Évaluation financières du programme Écophyto » daté de mars 2021 dresse un bilan complet et très décevant des 14 dernières années consacrées à la mise en œuvre de ce plan. Selon France nature environnement qui a rendu public ce document : "Le rapport fait ainsi état des 643 millions d’euros mobilisés chaque année par la France (chiffre pour 2019) pour atteindre les objectifs de –50%, alors que l’État affiche jusqu’ici un montant annuel de 71 millions d’euros. Malgré ces fortes dépenses, l’usage des pesticides a augmenté de 13%
en 10 ans ».

 

Nous demandons que les objectifs datés de réduction fixés par le plan Écophyto soient respectés et que la gouvernance de ce plan soit véritablement adaptée aux enjeux de qualité de l’eau et de protection de la biodiversité

 

Viser l'arrêt de l'usage des pesticides de synthèse au plus tard en 2024

Au-delà de régler cette question urgente des métabolites dans l'eau potable, les autres impacts sur le vivant des pesticides sont majeurs et doivent conduire la Bretagne à s'engager dans un plan ambitieux de sortie des pesticides* d’ici à 2024

 

Retrouvez notre pétition

Découvrez, signez et partagez notre pétition pour une eau potable sans pesticides !

 

*Pesticides de synthèse